Le rock & roll, c'est bien beau mais ça peut laisser le cerveau sur son appétit. Parfois vaut mieux lui donner en pâture quelque essai historique ou philosophique pour le stimuler un brin.
Je ne suis pas un fan inconditionnel de Pierre Bourgault, mais j'avoue que ce personnage me fascine. Entier, passionné, acéré, articulé, les qualificatifs ne manquent pas pour le décrire. C'était un intellectuel engagé, échevelé certes mais rigoureux quand même. Son histoire est étroitement liée à celle du Québec qu'on connait, même s'il a été plus longtemps spectateur qu'acteur. Les électrons libres font de piètres bâtisseurs.
J'ai donc dévoré la biographie de Jean-François Nadeau sur l'avion entre YUL et CPH.
Voici quelques extraits qui m'ont frappés:
(comme quoi les tiraillements au sein du PQ ne datent pas d'hier, une citation de René Lévesque en 1971 visant Bourgault, p. 350) Que ceux qui font partie de la révolution-orgasme et du futur Viêt-Nam québécois quittent les rangs du Parti Québécois et aillent militer sous une autre étiquette.
(Bourgault sur la télé québécoise, p. 390) Comme on a toujours besoin de plus en plus de monde pour nourrir le monstre, il peut arriver qu'on fasse appel à des gens fort médiocres, qui n'ont rien à dire, qui chantent mal ou qui patinent sur les bottines. Il faut faire attention à ce piège, car c'est alors donner une importance considérable à des gens qui dans tout autre pays auraient du mal à se faire inviter à présider une noce de campagne.
(Bourgault, sur la révolution, p. 393) Quand je vois des gens heureux, quelque soit leur condition, je perds toute envie de leur imposer quelque révolution que ce soit.
(Bourgault, sur le respect du français, p. 420. Mme Marois aurait intérêt à lire ceci...) En 1978, au moment ou la loi 101 commence tout juste à faire sentir ses effets, Bourgault affirme qu'il ne serait pas entièrement inutile de nous écouter et de nous lire les uns les autres pour constater à quel point, en matière de langue française, nous défaillons. On peut bien forcer les Anglais à respecter le français, mais encore faudrait-il que ceux dont c'est la langue maternelle la respectent au moins eux aussi!
(Bourgault, au sujet des actes de grossière indécence commis par le télé-évangéliste Pierre Lacroix, p. 447) S'il est vrai qu'il a commis les actes qu'on lui reproche, il devra en répondre devant la justice. Mais si c'est pas vrai, il ne sait pas ce qu'il manque!
(Bourgault, au sujet de son travail d'auteur de chansons, p. 451) J'en ai écrit une couple de bonnes, mais maintenant, je fais des chansons de scout, des chansons de feu de camp. Je suis pire que Michel Rivard!
Finalement, une citation donnée par Nadeau pour ouvrir le chapître 18, de René Char. La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.
Cet ouvrage est très intéressant et passionnant. Je le recommande chaudement.
Formidable époque, celle de Bourgault.
Je ne suis pas un fan inconditionnel de Pierre Bourgault, mais j'avoue que ce personnage me fascine. Entier, passionné, acéré, articulé, les qualificatifs ne manquent pas pour le décrire. C'était un intellectuel engagé, échevelé certes mais rigoureux quand même. Son histoire est étroitement liée à celle du Québec qu'on connait, même s'il a été plus longtemps spectateur qu'acteur. Les électrons libres font de piètres bâtisseurs.
J'ai donc dévoré la biographie de Jean-François Nadeau sur l'avion entre YUL et CPH.
Voici quelques extraits qui m'ont frappés:
(comme quoi les tiraillements au sein du PQ ne datent pas d'hier, une citation de René Lévesque en 1971 visant Bourgault, p. 350) Que ceux qui font partie de la révolution-orgasme et du futur Viêt-Nam québécois quittent les rangs du Parti Québécois et aillent militer sous une autre étiquette.
(Bourgault sur la télé québécoise, p. 390) Comme on a toujours besoin de plus en plus de monde pour nourrir le monstre, il peut arriver qu'on fasse appel à des gens fort médiocres, qui n'ont rien à dire, qui chantent mal ou qui patinent sur les bottines. Il faut faire attention à ce piège, car c'est alors donner une importance considérable à des gens qui dans tout autre pays auraient du mal à se faire inviter à présider une noce de campagne.
(Bourgault, sur la révolution, p. 393) Quand je vois des gens heureux, quelque soit leur condition, je perds toute envie de leur imposer quelque révolution que ce soit.
(Bourgault, sur le respect du français, p. 420. Mme Marois aurait intérêt à lire ceci...) En 1978, au moment ou la loi 101 commence tout juste à faire sentir ses effets, Bourgault affirme qu'il ne serait pas entièrement inutile de nous écouter et de nous lire les uns les autres pour constater à quel point, en matière de langue française, nous défaillons. On peut bien forcer les Anglais à respecter le français, mais encore faudrait-il que ceux dont c'est la langue maternelle la respectent au moins eux aussi!
(Bourgault, au sujet des actes de grossière indécence commis par le télé-évangéliste Pierre Lacroix, p. 447) S'il est vrai qu'il a commis les actes qu'on lui reproche, il devra en répondre devant la justice. Mais si c'est pas vrai, il ne sait pas ce qu'il manque!
(Bourgault, au sujet de son travail d'auteur de chansons, p. 451) J'en ai écrit une couple de bonnes, mais maintenant, je fais des chansons de scout, des chansons de feu de camp. Je suis pire que Michel Rivard!
Finalement, une citation donnée par Nadeau pour ouvrir le chapître 18, de René Char. La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.
Cet ouvrage est très intéressant et passionnant. Je le recommande chaudement.
Formidable époque, celle de Bourgault.
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