Ce soir, à l'ineffable émission radio-canadienne L'heure des comptes, le seul magazine économique de la société d'État, on a dévolu un long moment au collectif Économie Autrement, un groupe qui essentiellement s'insurge contre la "vision néolibérale" des choses qui semble-t-il domine l'espace public. Eh bé. Mettons.
Passons sur l'incongruité du fait de gaspiller 10 minutes d'une émission marginale (la seule!) qui traite d'économie pour laisser le micro à des "intellectuels" qui soutiennent sans rire que l'économie est ni plus ni moins qu'une invention sociale. Déjà, l'animateur Jean Racine, qui comprend généralement à peine l'objet de son propos et qui ne cache pas son aversion pour la "business" ne m'était pas très crédible à mes yeux, mais là, ça dépasse les bornes.
Il faut du culot pour soutenir que nous vivons dans un monde où le "libéralisme" (habituellement confondu avec le néo-libéralisme, ou même le laissez-faire) domine. Voyons. Notre économie est au contraire, hyper-régulée de tous bords tous côtés. Nous avons ministères par-dessus agences, autorités, lois et règlements à ne plus finir pour intervenir sans arrêt dans l'économie. C'est pareil aux USA, apparemment le paradis des libéraux. Hé ho! Get real! Voyez la réalité en face! Le laissez-faire, le libéralisme pur et dur, ça n'existe plus en Occident depuis 1929 et plus personne n'en désire le retour à part peut-être les radicaux du Québécois Libre.
Pourtant, on aime ça sur la gauche nous faire croire que nous sommes aux portes de l'Enfer à droite. Enfin.
Économie Autrement nous reproche de croire que les lois économiques ne sont au fond que des construction sociales. Soit. Mais lorsqu'on réfléchit un peu, on constate que les bases de la pensée économique humaine sont plutôt universelles: la demande et l'offre. Les contraintes de l'une et de l'autres elles sont bien humaines, mais n'empêche, ce n'est pas néo-libéral de reconnaître l'existence de ces bases.
Si on laisse généralement aux humains le loisir d'apparier l'offre à la demande, on pratique un libre-marché. Sinon, on est plus ou moins dans un contexte d'économie dirigée, style Cuba. Pas compliqué. Rejeter en bloc le libre-marché, bin c'est plus ou moins prôner une économie à la cubaine. Il n'y a pas 56 possibilités. CQFD.
Accepter généralement le libre-marché ne signifie pas adopter un ultra-libéralisme! Je le répète, aucune société occidentale contemporaine ne pratique une telle politique économique. Nous visons tous dans une variante d'économie plus ou moins néo-libérale où le libre-marché opère sous les auspices plus ou moins attentives de l'État.
Soutenir le contraire c'est faire preuve d'une ignorance crasse ou d'une malhonnêteté intellectuelle désolante. Je vous laisse le loisir de lire le document du collectif en question, on y trouve des perles divertissantes en plus d'une liste d'"économistes" qui se définissent comme détenteurs d'un diplôme universitaire en économie (Adam Smith serait content).
La joie que suscite cette époque aussi formidable me submerge.
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1 commentaire:
Un jour, je te jure que des économistes suggérerons, dans un de leurs articles savants, de retourner à l'étalon-chameau...
'' 3 chameaux contre ta caisse de Chateau-Petrus '57, mon ami? ''
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