dimanche 4 novembre 2007

Pixies pour les nuls

Je redécouvre les Pixies ces temps-ci, ce qui peut paraître bizarre pour un fan de Black Francis comme moi mais bon, j'avoue que la discographie solo de notre ami Charles Thompson Michael Kitteridge IV occupe le plus clair de mon temps tympanique au détriment d'à peu près tout le reste.

J'ai donc réécouté tout leur oeuvre cette semaine, revu LOUDQuietLOUD, lu Doolitle (Sisario) et Pixies (Dazin), deux excellents bouquins en passant.

Je me suis alors demandé quelles seraient les 10 chansons (et seulement 10!) qui décriraient mieux le groupe à un non-initié qui voudrait rapidement en saisir la substance. Dynamiques changeantes, atmosphères dérangées, contrastes frappants, thèmes bibliques, violents et/ou concupiscents, voix douces et cris déments, crescendos vers l'enfer, la musique des Pixies est souvent comme une montagne russe auditive dont le son est toujours unique dans le rock. Souvent imités, jamais égalés, comme on dit.
Voici donc le résultat de l'exercice. J'espère que cela aidera à convertir quelques fans de plus. Les commentaires sont les bienvenus, évidemment.

Caribou
Tiré du tout premier EP du groupe en 1987. Malgré leur jeune âge et inexpérience, on sent déjà leur style bien affirmé dans cette chanson bizarre, languissante, qui parle de mort et de repentir.




Repent!!!
Re-pe-ent!!!





Black hurle, non beugle ce court refrain sans qu'on sache s'il implore ou menace son interlocuteur et le son rugueux de sa voix se combine aux guitares bien appuyées, ce qui tranche avec les couplets beaucoup plus mélodiques. Une chanson qui illustre bien l'esprit pixien.

Bone Machine
La chanson qui ouvre le magnifique Surfer Rosa, album qui va faire les annales du rock, raconte sur un ton presque frivole, la voix de Kim apportant une douceur presque maternelle à une sordide histoire de séduction forcée.

I was talking to preachy-preach about kissy-kiss
He bought me a soda
He bought me a soda
He bought me a soda and he tried to molest me in the parking lot
Yep, yep yep YEP!





Avec Black Francis qui déclare sans détour que You're so pretty when
you're unfaithful to me
entouré de guitares telles des scies à chaîne
emballées on comprend bien qu'il ne s'agit pas ici d'une chanson d'amour
ordinaire... Le rythme, hypnotique, est lent mais implacable et les cris qui découpent le refrain glacent d'effroi l'auditeur habitué au power pop des années 80. Un son unique est né.
Tame
Un autre classique qui illustre peut-être au mieux le style douceur-violence contrôlée qui est si caractérisque du groupe.


Got hips like Cinderella
Must be having a good shame
Talking sweet about nothing
Cookie I think you're TAME.





Le premier couplet décrit l'objet du désir du narrateur qui est présumément plutôt sexy et bientôt à sa merci et en jugeant par la force des cris de Black Francis, Dieu sait ce qui va arriver à cette pauvre nana... On imagine vite quelque film d'horreur de série B, sauf que bien sûr tout ça ne se passe que dans l'esprit du type qui a sûrement dû oublier ses pilules plus tôt dans la journée. Vite, la camisole de force...
Is She Weird?
Une autre chanson lascive qui parle d'une fille désirable (en fait, la première femme de Charles, Jean).
Is she weird, is she white
Is she promised to the night
And her head has no room



À mon humble avis cette chanson doit figurer au palmarès de base à cause du son de la guitare de Joey, des pointes hurleuses de Charles et de la basse obsédante de Kim. Un bon condensé très "écoutable" du son des Pixies.

Down to the Well
Une autre chanson sur le désir qui contraste couplets mélodieux et son abrasif. Un autre bel example de comment on peut construire une chanson somme toute classiquement en lui ajoutant des éléments stylistiques bien à soi. Les cris de Charles, certes, mais surtout les "sha-bong, sha-bong" de Kim encadrés par le son de guitare typique de Joey.



Been thinking to myself
And if a life's not long
What matter does it make
If there'll be favorite songs playing in my head
When we go down to the well

I can hardly wait, Betty
I can hardly wait
'till we go down to the well
Down to the well


Break My Body
De retour à la folie de base des Pixies, des paroles cryptiques, une énergie certaine, une certaine grâce aussi mais la violence assumée du Break my body, hold my bones! que Black Francis récite comme une litanie douloureuse... On se prend à espérer que ce malheureux détraqué finisse par être exaucé.

I Bleed
Black Francis n'a pas son pareil pour évoquer des images bizarres qui forment une atmosphère particulière. Celle de I Bleed évoque un schizophrène en crise qui fait de drôles de rêves:

Prithee, my dear,
Why are we here
Nobody knows
We go to sleep
As breathing flows
My mind secedes
I bleed

Le tout forme une chanson singulière qui progresse lentement et calmement vers ce constat, I bleed. Appelez une ambulance svp.


Gouge Away
Une progression sans compromis vers une explosion d'énergie orchestrée même dans le chaos. Des références bibliques comme dans plein d'autres chansons des Pixies en début de carrière.


Chained to the pillars
A 3-day party
I break the walls
And kill us all
With holy fingers

Succès garanti en concert!

U-Mass
Ce choix peut paraître étrange, U-Mass étant un peu à part dans le son des Pixies mais en terme de construction de chanson, assez classique quand même et avec un ton amusant et des accords bien sentis, ça donne une bouffée joyeusement délurée et communicative.



It's EDUCATIONAL!








The Sad Punk
Finalement, une chanson du dernier album qui synthétise à merveille ce qu'est une chanson des Pixies. En fait, le style d'écriture en fait presque une véritable chanson annonciatrice du type "Frank Black" qui se dessine (All My Ghosts, Living On Soul) mais c'est une autre histoire. Celle-ci décrit une fresque allégorique de l'histoire du genre humain à venir:

I smell smoke
That comes from a gun
Named extinction
It was a long time ago
Could have happened to anyone
He was struck by a bullet
And he melted into fluid
Named extinction

La musique est déjantée à souhait, violente et chaotique puis change totalement en une quasi ballade nostalgique entrecoupée de rechutes bien contrôlées, retenues, sauf que l'auditeur sent très bien que tout peut exploser de nouveau et reste sur ses gardes.

Il est là, le génie des Pixies, garder l'auditeur entre passion et raison, entre violence et douceur, entre le sexe et la mort. La vie, quoi.

Formidable!

4 commentaires:

Melody Nelson a dit...

Caribou : un ovni cette chanson qui mérite toujours la touche "skip" quand elle passe chez moi

mon top 8 basique :
Bone machine
Debaser
Gigantic
Hey
Isla de encanta
La la love you
U-Mass
Vamos

Czar a dit...

Vamos est trop longue pour moi, je m'en lasse à chaque fois.

La La Love You est trop... pop.

Sinon, tout à fait d'accord avec toi. J'ai inclu Caribou pas tant parce que je l'aime tant que ça mais pour la place qu'elle occupe dans la discographie. Il me semble qu'elle définit bien le groupe.

Si je ne m'étais pas limité à 10, j'aurais ajouté "Hey" et "Where Is My Mind?".

Ciao

Melody Nelson a dit...

peut-être que Caribou c'est parce que t'es canadien, j'vois pas d'autre explication...

pour La la love you, c'est vrai qu'elle a un côté pop, mais j'ai du mal à ne pas aimer une chanson où ça siffle...

le problème avec Where is my mind ?, c'est qu'à "l'époque" je l'adorais... imagine au lycée (cégep ?) dans un discman (lecteur de CD portable ? que c'est compliqué la loi 101 !), bref toute une époque... mais des années plus tard la chanson a été trop popularisée à cause de films par exemple... ça m'a fait bizarre...

Melody Nelson a dit...

oops, j'ai oublié un truc : y'a une version courte de Vamos parce que c'est vrai que l'autre est lassante, c'est pas une symphonie non plus alors 5 mn de Vamos, bah tu finis par partir aussi...