mardi 28 octobre 2008

Hélàs, cela en dit long

La symbolique m'a frappé.

Au box-office, Le Déserteur au Québec fait de grasses recettes alors qu'au Canada anglais, c'est
Passchendaele qui remporte la palme.



Chez nous, on raconte une histoire d'amour autour d'un type qui a refusé de partir en guerre tandis que dans le ROC, on raconte une histoire d'amour autour d'un type qui a disons l'étoffe d'un héros.

Bizarre, non?

Le modèle québécois à l'oeuvre, sans doute. Quelle merveilleuse époque...

P.S. avant qu'on me plaide que les québécois francophones au grand complet étaient pacifiques et opposés à la conscriptions, lisez cet article.

samedi 21 juin 2008

C'est pas parce qu'on est petit qu'on peut tout se permettre

Ahhh.... David contre Goliath. Le romantisme du faible qui triomphe du fort. Le Citoyen qui prévaut contre la Compagnie.

Cette histoire de SLAPP contre Écosociété m'a fait tiqué depuis le début. Non pas parce que je suis un pro-SLAPP, en fait, j'ai un problème fondamental avec l'idée de restreindre les recours juridiques de quiconque, mais bien parce que quand je lis des accusations de meurtre dans un bouquin, je me dis que ce genre d'affirmation ne sauraient être frivole. Le meurtre, bordel, c'est pas comme accuser le capitalisme de vouloir détruire la planète!

J'étais donc bien content ce matin de lire la position de Pat Lagacé sur ce sujet. Je l'aime bien Pat. Pas toujours d'accord avec lui mais en général, il fait preuve de gros bon sens.

On dira que Barrick tire au bazooka sur une mouche en réclamant 6 millions
à Écosociété. C'est vrai: 6 millions, c'est démesuré. Sauf que, en 2001, Barrick
a poursuivi le grand conglomérat britannique Guardian Media Group pour les mêmes allégations, lancées par le journaliste Greg Palast. L'affaire s'est réglée à
l'amiable, à l'avantage de Barrick.
Est-ce dire qu'on ne peut pas critiquer
Barrick? Non. Un an plus tard, le même Palast a (jouissivement, selon moi)
frappé à coups de bâton de baseball sur Barrick, dans le livre The Best
Democracy Money Can Buy (2). Il n'a pas été poursuivi par le géant
canadien. Barrick semble avoir un problème, légitime, à se faire accuser de
meurtres.
Alain Deneault, dans tout ça, a le coeur à la bonne place. Mais être
petit, ce n'est pas un permis pour dire n'importe quoi, n'importe comment. À
propos de Goliath ou de quiconque.



C'est déjà trop facile de casser du sucre sur quiconque de nos jours avec les blogues, les forums etc. (sic) N'importe quel taouin comme moi peut s'improviser "journaliste" et faire de "l'analyse". Amener ce genre de travail "d'enquête" dans un bouquin publié en bonne et dûe forme par une maison d'édition, fûsse-t-elle sans but lucratif, c'est courir après le trouble parce que oui, tout le monde a le droit de protéger sa réputation contre les allégations mensongères.

Signifier sa solidarité avec Écosociété dans cette affaire, c'est faire preuve de solidarité pour soutenir la connerie.

Époque formidable?

dimanche 4 mai 2008

Des Pogos(tm) et des hommes

Ainsi donc, à part la lamentable défaite du Canadien (qu'on essaie de nous présenter comme honorable - sic), le sujet fédérateur de la semaine aura été la levée de bouclier contre ConAgra Foods, fabriquant des fameux Pogos(tm) de notre enfance et de l'enfance actuelle aussi.


Imaginez: une compagnie américaine, qui fait presque 1 milliard de profits en vendant de la malbouffe aux enfants. Presqu'aussi pire qu'une compagnie pharmaceutique! On s'indigne aussi contre le mauvais goût des pubs en question.






Cette histoire s'apparente à la campagne de pub pour la slush chez Couche-Tard en 2006.

Or, tout ça c'est du baloney, selon mon humble opinion.

Croyez-vous deux secondes que les ados vont arriver à la maison le soir en réclamant plus de pogos parce qu'ils auront vu une pub de mauvais goût? Pas besoin d'avoir la pub pour ce faire, nos ados ont le mauvais goût inné.

OK. On a semble-t-il des lois contre la pub destinée aux enfants. Qu'on soit d'accord ou non, dura lex, sed lex, qu'on sévisse s'il y a lieu. Mais que ce soit de la pub de Pogos(tm) ou pour quelque chose de plus "vertueux" ne change rien.

Ironiquement, cette controverse est très payante pour l'entreprise. Le front page, le téléjournal, les éditos... de l'or en barre. Et si vous avez vu Dans une galaxie près de chez vous 2, vous savez bien que les Pogos(tm) y tiennent un rôle de premier plan. On les voit à tout bout d'champ à la main et la bouche de Bob.

Pendant ce temps, au Darfour...

Fascinante époque formidable!

mercredi 9 avril 2008

Infidélité matinale

Pogné dans le trafic soir et matin, je passe à travers des cycles audio-radio variés pour passer le temps: musique, FM parlé, AM parlé, combinaison, édition audio de The Economist. Le plus souvent reste cependant, le matin, la très populaire émission C'est bien meilleur le matin.

Là j'avoue que je commence à décrocher. Je tend l'oreille ailleurs, genre Paul Arcand dont le pire défaut serait notamment de passer de la pub cheap.

Mais pour éviter le prêchi-prêcha gauche-caviar de Catherine Perrin, les balbutiements in-su-por-tables de Marc Laurendeau (pathétique!) et les tics innombrables du MC Homier-Roy, je suis prêt à me taper de la pub.

Mais le clou dans le cercueuil dernièrement est sans conteste la grande suffisance et l'hypocrisie qu'on nous inflige au sujet de la Chine.

Évidemment, tous ce qui aime bien penser se sent obligé de prendre fait et cause pour le Tibet ces jours-ci, how fashionable. OK, OK, dur dur d'être tibétain, mais bon, dur dur d'être plein d'autres nationalités aussi (haïtien par exemple). Mais bon, le Tibet c'est winner et bon pour la médaille d'acier aux Jeux. Dénonçons donc la Chine tous en choeur sans trop réfléchir, c'est dangereux.

Mais de grâce, pas après nous avoir incessamment vendu il y a quelques mois jusqu'à plus soif un concours dont le prix était un voyage en Chine ô combien passionnant. Sans arrêt, on nous a vanté les beautés de la Chine, sa culture, la formidable vigueur de son économie, ses transformations sociales. On traitait de chanceux tous les gagnants potentiels, on les enviait.

Fallait penser au Tibet avant, gang. Là vous avez l'air d'une bande d'inconséquents. Je vous fausse compagnie pour cause d'hypocrisie, désolé.

Époque formidableuh.

lundi 24 mars 2008

Autrement pour économiser quoi au juste?

Ce soir, à l'ineffable émission radio-canadienne L'heure des comptes, le seul magazine économique de la société d'État, on a dévolu un long moment au collectif Économie Autrement, un groupe qui essentiellement s'insurge contre la "vision néolibérale" des choses qui semble-t-il domine l'espace public. Eh bé. Mettons.

Passons sur l'incongruité du fait de gaspiller 10 minutes d'une émission marginale (la seule!) qui traite d'économie pour laisser le micro à des "intellectuels" qui soutiennent sans rire que l'économie est ni plus ni moins qu'une invention sociale. Déjà, l'animateur Jean Racine, qui comprend généralement à peine l'objet de son propos et qui ne cache pas son aversion pour la "business" ne m'était pas très crédible à mes yeux, mais là, ça dépasse les bornes.

Il faut du culot pour soutenir que nous vivons dans un monde où le "libéralisme" (habituellement confondu avec le néo-libéralisme, ou même le laissez-faire) domine. Voyons. Notre économie est au contraire, hyper-régulée de tous bords tous côtés. Nous avons ministères par-dessus agences, autorités, lois et règlements à ne plus finir pour intervenir sans arrêt dans l'économie. C'est pareil aux USA, apparemment le paradis des libéraux. Hé ho! Get real! Voyez la réalité en face! Le laissez-faire, le libéralisme pur et dur, ça n'existe plus en Occident depuis 1929 et plus personne n'en désire le retour à part peut-être les radicaux du Québécois Libre.

Pourtant, on aime ça sur la gauche nous faire croire que nous sommes aux portes de l'Enfer à droite. Enfin.

Économie Autrement nous reproche de croire que les lois économiques ne sont au fond que des construction sociales. Soit. Mais lorsqu'on réfléchit un peu, on constate que les bases de la pensée économique humaine sont plutôt universelles: la demande et l'offre. Les contraintes de l'une et de l'autres elles sont bien humaines, mais n'empêche, ce n'est pas néo-libéral de reconnaître l'existence de ces bases.

Si on laisse généralement aux humains le loisir d'apparier l'offre à la demande, on pratique un libre-marché. Sinon, on est plus ou moins dans un contexte d'économie dirigée, style Cuba. Pas compliqué. Rejeter en bloc le libre-marché, bin c'est plus ou moins prôner une économie à la cubaine. Il n'y a pas 56 possibilités. CQFD.

Accepter généralement le libre-marché ne signifie pas adopter un ultra-libéralisme! Je le répète, aucune société occidentale contemporaine ne pratique une telle politique économique. Nous visons tous dans une variante d'économie plus ou moins néo-libérale où le libre-marché opère sous les auspices plus ou moins attentives de l'État.

Soutenir le contraire c'est faire preuve d'une ignorance crasse ou d'une malhonnêteté intellectuelle désolante. Je vous laisse le loisir de lire le document du collectif en question, on y trouve des perles divertissantes en plus d'une liste d'"économistes" qui se définissent comme détenteurs d'un diplôme universitaire en économie (Adam Smith serait content).

La joie que suscite cette époque aussi formidable me submerge.

dimanche 24 février 2008

Je hais toujours Lotus Notes



Samedi matin, le foyer est paisible, le soleil plombe dans ma cuisinette. L'envie du devoir bien fait s'empare de moi et je prends le temps de boucler quelques courriels pour le bureau quand soudain, l'insoutenable blancheur de l'écran me saute au visage. Lotus Notes n'est pas content.

$%?&?*%&%% de &?*%*%%?& de *&*?*%?&$$/$ de Lotus Notes, songeais-je. Encore! Mais pourquoi? Qu'ais-je fait pour mériter cela?

Aucune idée. Je pense que je fermais une fenêtre. Ça arrive souvent. Et non, c'est pas parce que mon laptop est poche. Il est flambant neuf avec un Go de RAM. La seul explication, c'est que Notes est un programme bâclé, compliqué, trop gourmand de ressources. La routine de "réplication" est incompréhensible, longue, ardue.

Comme utilisateur, je ne vois AUCUNE valeur ajoutée à Notes. ZÉRO. Les caractéristiques de l'agenda, du mailer sont très ordinaires, voire sous la moyenne. Le carnet d'adresse est merdique.

Lorsqu'une organisation migre vers Notes (je l'ai vécu 2 fois), on nous vend le riche potentiel du programme. "Vous verrez, c'est cool, on peut développler plein d'applications sur mesure pour votre département!". AHAHAHAHAH! Laissez-moi rire. C'est tellement lourd que seules les organisations multinationales avec un gazillion de ressources IT peuvent effectivement se le permettre. Les PME qui font ce choix ne verront jamais "tout le potentiel Notes". Elles n'en verront que la frustration.

Je ne suis pas seul à haïr Lotus Notes.

Quel privilège que de vivre cette époque si formidable!

vendredi 4 janvier 2008

Langue, culture et identité

2007 aura bien sûr été au Québec l'année ou le bobo identitaire fût redécouvert et re-gratté intensément dans les médias. Faut croire que la sémantique du "nous" revêt plus d'importance que de ramener le niveau de vie de la population québécoise à celui du reste du pays, de bien comprendre les enjeux internationaux pour mieux agir dessus ou de faire preuve de créativité pour s'assurer du bon fonctionnement de nos institutions et de notre bureaucratie.

En fait, tous ces sujets sont traités dans les médias, bien sûr, mais reste qu'une quantité phénoménale d'effort est collectivement investie pour discuter de sujets qui me semblent totalement anti-pragmatiques, non productifs et d'un niveau symbolique futile.

Prenons l'identité. Vaste sujet. Certains en font des thèses de doctorat, voire des carrières universitaires entières. Comment un sujet aussi théorique et intellectualisé peut-il autant faire les manchettes et même devenir un enjeu politique aussi prisé?

Il y a des tas de raisons pour ça mais ce n'est pas l'objet de mon présent billet. Voici plutôt quelques réflexions sur le pourquoi du fait qu'on a tort d'attacher autant d'importance dans le débat public à la langue, la culture et l'identité et a fortiori, d'y investir de l'énergie politique.

La langue
Ahhh, la beauté de la langue française! Quel fleuron de l'Humanité! Un joyau fragile à préserver à tout prix, surtout en Amérique, où elle est sans cesse soumise au joug anglophone.
Ce refrain bien connu au Québec est depuis bien longtemps élevé au statut de dogme infaillible, comme si le français était un absolu intouchable, une donnée figée, sacrée que nul se doit de remettre en question sous peine d'anathème.
Mais qu'est-ce qu'une langue? Notre ami Wiki nous dit que

Dans une perspective sociolinguistique (étude des langues dans leur rapport aux sociétés), le terme "langue" définit tout idiome remplissant deux fonctions sociales fondamentales: la "communication" (c'est au moyen de la langue que les acteurs sociaux échanges et mettent en commun leurs idées, sentiments, pensées, etc.) et l'"identification" (de part son double aspect individuel et collectif, la langue sert de marqueur identitaire quant aux caractéristiques de l'individu et de ses appartenances sociales). Par conséquent, les « langues » sont des objets vivants, soumis à multiples phénomènes de variations et les frontières entre les langues sont considérées non hermétiques car elles relèvent d'abord des pratiques sociales (par ex.: en quoi l'énoncé "La réunion est schédulée pour le week-end" ne serait-il pas du "français"?). En prenant en compte la valeur des représentations des mots en société, les sociolinguistes substituent donc le terme "langue" à ceux pouvant renvoyer à des connotations péjoratives ou dévalorisantes (ex.: "dialecte", "patois"…).

La langue n'est pas un objet fixe qui se transmet génétiquement. C'est un code transmis par l'apprentissage, y compris parmi les locuteurs de pure souche. Cette affirmation semble une évidence mais non, pour les nationalistes exaltés, le français fait partie du code génétique des québécois pure laine. Or, c'est faux.

De plus, le français de 2008 parlé au Québec a bien peu à voir avec le français de 1958 ou de 1908 et encore moins de 1708. Défendre le français est un engagement bien relatif, encore faut-il s'entendre sur quel français que l'on veut défendre!

Et je ne parle même pas des différences entre le français de France, du Sénégal ou de Belgique. On a déjà assez de différences entre ce qui se dit dans les rues de Hochelaga-Maisonneuve et d'Alma. Alors le français "standard", je regrette, mais c'est une construction bien artificielle. Le français est vivant et bien malin qui peut s'en définir comme défenseur universel. Alors imaginez une loi ou un changement constitutionnel...

Parce que non seulement on a des variantes géographiques et temporelles, mais en plus on a des niveaux de langages différents! Vouloir normaliser l'usage du français, comme le veut le PQ dans son projet de Constitution, est complètement arbitraire:

UN CONTRAT D’INTÉGRATION POUR LES IMMIGRANTS

Le projet de loi prévoit que les personnes immigrantes concluent un contrat d’intégration avec la société québécoise. Ce contrat, d’une durée de trois ans, inclut l’obligation de faire l’apprentissage de la langue française. En contrepartie, le gouvernement s’engage à fournir l’aide et l’accompagnement nécessaires pour l’apprentissage du français et l’intégration au milieu du travail.

Comment mesurer cela? Comment s'assurer que l'éventuel "test" sera représentatif, objectif? Y aura-t-il des contrôles pour s'assurer que l'apprentisage est maintenu dans le temps? Que faire des illettrés et analphabètes pure laine? De ceux qui choisissent de parler anglais à la maison, de s'assimiler? Ils perdront leur citoyenneté?

Plus on y réfléchit, moins on trouve que ça se tient. Tout cela n'est que démagogie nationaliste.

N'allez pas croire que je ne crois pas à l'importance de préserver le français. J'en parle un de qualité qui j'espère s'élève un tantinet au dessus de la moyenne des ours et j'en suis fier. Je n'ai pas l'intention de le perdre et je trouve important que mes enfants me suivent dans cette direction, donc je prend le temps de les corriger, ce qui les irrite à l'occasion. Mais cette décision est libre et personnelle et si je sens un instant que l'État veut me forcer dans cette direction, je vais me sentir bafoué dans mes droits fondamentaux et l'immolation par le feu ne sera que la seule option valable.

Je comprends donc pourquoi les non-francophones aient autant de problème avec les lois linguistiques. Si la langue touche à l'identité, ça vaut pour l'anglais, le swahili et le hindi.

Encore là, je ne suis pas contre la loi 101 et les balises qu'elle pose pour faire du français la seule langue institutionnelle de l'État québécois. C'est la prérogative de l'État de décider quelle langue sera officielle pour communiquer avec ses citoyens ou leur offrir des services. C'est une décision politique. Par contre, la ligne doit être tirée quelque part et la sphère privée doit être soustraite à l'emprise de l'État.

Que des familles entières choisissent de s'exprimer dans une langue autre que le français à la maison ou dans le quotidien n'enlève rien aux locuteurs du français. Une loi n'y peut rien!

Avant de passer plus de temps à monopoliser l'appareil étatique pour accoucher de lois futiles, inutiles et potentiellement dangereuses pour les libertés civiles, une réflexion rigoureuse s'impose.

Or, nationalisme et rationalisme s'opposent. L'idéologie nationaliste repose sur des notions subjectives comme fierté, estime de soi et identité. Impossible d'avoir un débat rigoureux sur des émotions. Or les lois ne peuvent être émotives. Il y a donc incompatibilité fondamentale entre langue, identité et culture (comme on le verra plus loin) et législation.

La culture
La langue est souvent décrite comme la clé de voûte de la culture. Il est difficile de remettre ce constat en question mais, comme pour la langue, une difficulté sémantique apparaît rapidement lorsqu'on traite des questions culturelles. Qu'est-ce que la culture?

L'UNESCO a accouché en 1982 d'une définition de la culture:

C'est pourquoi, en exprimant l'espoir d'une convergence ultime des
objectifs culturels et spirituels de l'humanité, la Conférence convient :

- que, dans son sens le plus large, la culture peut aujourd'hui être considérée
comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels
et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe,
outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de
l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances,

- et que la culture donne à l'homme la capacité de réflexion sur lui‑même. C'est
elle qui fait de nous des êtres spécifiquement humains, rationnels, critiques et
éthiquement engagés. C'est par elle que nous discernons des valeurs et
effectuons des choix. C'est par elle que l'homme s'exprime, prend conscience de
lui-même, se reconnaît comme un projet inachevé, remet en question ses propres
réalisations, recherche inlassablement de nouvelles significations et crée des
œuvres qui le transcendent.

Autrement dit la culture, c'est n'importe quoi.

La culture "québécoise" n'existe pas, mesdames et messieurs. Des cultures québécoises, il y en a des multitudes. Personnellement, ma culture, je la considère comme unique. Oui, j'ai des éléments culturels en commun avec des tas de gens mais mon allégeance identitaire culturelle fluctue dans le temps et en fonction des circonstances. Le fait que je parle français ne veut certainement pas dire que j'ai quelque affinité que ce soit avec mon voisin francophone qui a des intérêts totalement différents des miens, même culturelle. Peut-être est-il Témoin de Jéhovah, qu'il a vécu son enfance à l'étranger, qu'il est végétarien strict et qu'il fume des havanes? Aucune idée. Tout ce que je sais, c'est que l'identification cuturelle à un groupe donné relève largement du fantasme.

En plus, la culture évolue dans le temps, tout le temps, tous les jours. On naît avec l'ardoise culturelle vierge, une ardoise que l'on noircit constamment sans même avoir le privilège de l'effacer! Ma culture aujourd'hui est plus riche que celle d'hier et moins que celle de demain. Et j'ai même pas eu besoin du soutien bienveillant de l'État pour en profiter!

Comme pour la langue, légiférer pour protéger la culture, c'est de la frime honteuse. Une "politique culturelle"? De la masturbation intellectuelle. Ça ne vaut pas le coup de s'y attarder.

Si chacun s'affairait à s'occuper de sa culture comme il l'entend, ce serait déjà bien assez. En fait, c'est ce que tout le monde fait déjà sans en être conscient.

L'identité
Qu'ajouter de plus sur l'identité après ces constats peut-être sévères? Plus grand chose je suppose. L'identité est une notion éminemment subjective, personnelle, changeante, mouvante, opportuniste. Vouloir l'enchâsser dans quelque cadre législatif est une tâche inutile, futile, voire dangereuse car elle peut mener à un discours intolérant fondé sur l'opposition entre les groupes plutôt que sur leur rapprochement.

À proscrire, donc.