lundi 22 octobre 2007

Démocratie et écologie sont-ils incompatibles?

Jean Lemire, capitaine du Sedna IV, signe une chronique dans La Presse tous les dimanches. Empreinte de morale convenue et jouant sur la culpabilité de l'Homme qui spolie l'Eden légué par Dieu, elle remplace en quelque part le sermon catholique-romain traditionnel.


Je laisse aux théologiens la tâche de débattre du sexe des anges et le décryptage de la Parole divine. Je préfère m'intéresser aux choses plus terre-à-terre. Un pragmatisme bien masculin, peut-être.


Or, dans sa chronique du 21 octobre 2007 il glisse sur une banquise un peu dangereuse en ce qui a trait au Royaume des Hommes.
La gouvernance a bien changé. La parole a remplacé le bâton. C'est donc
dans le discours et les valeurs véhiculées que le citoyen recherche l'homme
ou la femme pour le représenter, une personne aux idées bien ancrées dans la
mouvance idéologique de la société qu'elle représente. Renoncer à ses
valeurs profondes pour des raisons stratégiques constitue un risque à long
terme. Se battre pour ses valeurs profondes n'a pas de prix, même
politique.

Tiens, la hierarchie des valeurs, avec l'écologie en tête de liste. C'est nouveau, ça. La politique qu service de l'écologie, l'économie au service de l'écologie, l'Homme au service de l'écologie. À long terme, nous sommes tous morts mais la Terre elle, vivra, à condition que nous nous dépensions sans limite pour Gaïa lors de notre bref passage terrestre. Il faut bien le gagner, ce sacré paradis!

C'est un point de vue.

Sauf que durant son passage terrestre, l'Homme doit quand même s'organiser pour survivre, se reproduire et tâcher de ne pas trop se tuer prématurément les uns et l'autres et la politique, bin, c'est un outil essentiel pour y arriver.

C'est là que notre capitaine glisse vers le iceberg (il en reste encore bien quelques uns). Monsieur "Je suis quioute et je composte" Lemire estime que nos politiciens (Harper pour ne pas le nommer) trahissent leurs électeurs en ne plaçant pas l'écologie en tête de leur action politique et que donc, la démocratie est imparfaite puisque les élus conservent leur libre arbitre une fois au pouvoir. C'est pas ce qu'il dit, mais c'est ce que ça veut dire, une chance qu'il y a des blogueurs incisifs pour le relever (merci merci).

Je soupçonne Lemire de faire partie de la mouvance qui voudrait imposer aux politiciens une loi pour les obliger à tenir leurs promesses ou pour les empêcher de changer d'allégeance politique en cours de mandat. La mouvance qui adore la démocratie à condition qu'elle vote selon ses convictions à elle, en fait. Si la démocratie ne donne pas les résultats escomptés, il faut changer de système. Changer pour lequel au juste, Capitaine? Pouvez-vous préciser votre pensée? SVP ne faites pas comme la plupart des progressistes qui proposent tous les objectifs les plus vertueux mais qui laissent aux théoriciens allemands du XIXème siècle le soin de proposer des moyens.

Cette façon de considérer la démocratie comme un simple outil pour faire avancer la cause environnementaliste m'exaspère, évidemment. L'Homme, à son passage sur Terre, n'a pas que l'environnement à gérer. La vie des générations futures, c'est bien beau, mais qu'est-ce qu'on mange ce soir, papa?

Voilà donc le grand défaut du mouvement environnementaliste. La Terre est un gigantesque écosystème complexe qu'il faut voir dans son ensemble mais le règne Humain n'en fait pas vraiment partie. Nous sommes "rapportés" sur cette Terre, des passagers plus ou moins clandestins, selon les die hard écolos.

Sapristi d'époque formidable.

samedi 20 octobre 2007

Lectures récentes


Le rock & roll, c'est bien beau mais ça peut laisser le cerveau sur son appétit. Parfois vaut mieux lui donner en pâture quelque essai historique ou philosophique pour le stimuler un brin.

Je ne suis pas un fan inconditionnel de Pierre Bourgault, mais j'avoue que ce personnage me fascine. Entier, passionné, acéré, articulé, les qualificatifs ne manquent pas pour le décrire. C'était un intellectuel engagé, échevelé certes mais rigoureux quand même. Son histoire est étroitement liée à celle du Québec qu'on connait, même s'il a été plus longtemps spectateur qu'acteur. Les électrons libres font de piètres bâtisseurs.

J'ai donc dévoré la biographie de Jean-François Nadeau sur l'avion entre YUL et CPH.

Voici quelques extraits qui m'ont frappés:

(comme quoi les tiraillements au sein du PQ ne datent pas d'hier, une citation de René Lévesque en 1971 visant Bourgault, p. 350) Que ceux qui font partie de la révolution-orgasme et du futur Viêt-Nam québécois quittent les rangs du Parti Québécois et aillent militer sous une autre étiquette.

(Bourgault sur la télé québécoise, p. 390) Comme on a toujours besoin de plus en plus de monde pour nourrir le monstre, il peut arriver qu'on fasse appel à des gens fort médiocres, qui n'ont rien à dire, qui chantent mal ou qui patinent sur les bottines. Il faut faire attention à ce piège, car c'est alors donner une importance considérable à des gens qui dans tout autre pays auraient du mal à se faire inviter à présider une noce de campagne.

(Bourgault, sur la révolution, p. 393) Quand je vois des gens heureux, quelque soit leur condition, je perds toute envie de leur imposer quelque révolution que ce soit.

(Bourgault, sur le respect du français, p. 420. Mme Marois aurait intérêt à lire ceci...) En 1978, au moment ou la loi 101 commence tout juste à faire sentir ses effets, Bourgault affirme qu'il ne serait pas entièrement inutile de nous écouter et de nous lire les uns les autres pour constater à quel point, en matière de langue française, nous défaillons. On peut bien forcer les Anglais à respecter le français, mais encore faudrait-il que ceux dont c'est la langue maternelle la respectent au moins eux aussi!

(Bourgault, au sujet des actes de grossière indécence commis par le télé-évangéliste Pierre Lacroix, p. 447) S'il est vrai qu'il a commis les actes qu'on lui reproche, il devra en répondre devant la justice. Mais si c'est pas vrai, il ne sait pas ce qu'il manque!

(Bourgault, au sujet de son travail d'auteur de chansons, p. 451) J'en ai écrit une couple de bonnes, mais maintenant, je fais des chansons de scout, des chansons de feu de camp. Je suis pire que Michel Rivard!

Finalement, une citation donnée par Nadeau pour ouvrir le chapître 18, de René Char. La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.

Cet ouvrage est très intéressant et passionnant. Je le recommande chaudement.

Formidable époque, celle de Bourgault.

samedi 13 octobre 2007

Virée Danoise



  • Jet-setter, globetrotter, homme du monde, mettez-en, c'est pas de l'onguent.

    Je suis maintenant à Copenhagen, Danemark , pour un congrès relié à mon boulot et ce pour une semaine. Effectivement, ça aurait pu être Boring, MI ou Nowhere, OK mais bon.

    Voici quelques informations et impressions concernant ce paradis social-démocrate scandinave dont le modèle pourrait un jour remplacer le sacro-saint modèle québécois, s'il n'en tenait qu'aux "progressistes" éclairés qui squattent notre espace public.

    Le métro est super beau, efficicace, cher et... entièrement automatisé. Pas l'ombre d'un syndiqué au guichet ou dans la cabine du conducteur, il y en a même pas de cabine. Imaginez-vous le syndicat CA.OM.SC accepter ça pour le bénéfice des usagers?

  • Le système de santé, d'excellente qualité, est à deux vitesses avec la possibilité pour ceux qui sont prêts à payer d'avoir des rendez-vous avec un médecin dans la journée. Les autres, bin, ils attendent.

  • Oui, le système d'éducation est entièrement gratuit. Par contre, le taux marginal d'imposition frise les 68% et se loger à Copenhague, bin c'est comme plus dur que de trouver un appartement sur le Plateau. En bas de $500 000, oublie ça.

  • Il y a des vélos partout. Les rues sont partagées avec des chaussées distinctes, les gens laissent leurs vélos stationnés partout, souvent sans cadenas. Par contre, pour éviter que les intégristes environnementaux ne s'emballent, les distances ici sont beaucoup plus courtes, la plupart des gens habitent très près de leur lieux de travail et beaucoup de gens ont aussi une voiture. L'essence coûte environ 2$ le litre. Les voitures coûtent presque 3 fois plus cher qu'au Canada à cause des taxes spéciales qui s'additionnent.

  • Service compris! Comme à bien des endroits en europe, toutes les taxes (25%!) et le service sont compris dans les prix. Ce que ça veut dire bien sûr c'est que du service, il y en a très peu, il faut aller commander soi-même au bar voire débarasser sa table soi-même...

  • Copenhagen est possiblement l'endroit le plus dangereux au monde pour faire des jokes de blondes. ELLES SONT PARTOUT! C'en est banal d'être grande, mince et blonde, alors les femmes sont stylées disons pas à peu près, au grand bonheur des touristes avides d'exotisme ;-)

  • Le Danemark est une société très disciplinée et ordonnée. à preuve:

  • L'anglais est très présent et pas juste dans les zones touristiques. La plupart des danois (enfin, à Copenhague) se débrouillent très bien. Aucun problème à affichier l'anglais en public ou à faire des menus bilingues, par exemple.

  • La culture des danois est importante, mais elle a un prix. L'État prélève des frais de licence annuels pour chaque télé ou radio que les citoyens possèdent. On parle de 450$ par année, c'est pas symbolique. Cet argent est réinvesti dans la production de contenu danois. 450$... je pense que ça n'équivaut pas à ce que le québécois moyen investi en produits culturels chaque année. Il n'y a rien de gratuit, finalement.

  • Le système de chômage est très généreux. On parle de 90% du salaire. Certains citoyens prennent donc l'été off pour se remettre à travailler en septembre, même si les gens disposent de quoi, 6 semaines de vacances par an plus divers congés statuaires. C'est trop beau pour être vrai! Certaines restrictions s'appliquent en effet, dont 52 semaines d'emploi préalable.

  • Le Danemark est actif en Afghanistan, avec l'OTAN.

Est-ce que je déménagerais mes pénates au Danemark? Sûrement. La qualité de vie est vraiment bonne ici. Mais la société est très homogène, très rigide. Si on peut blâmer la ville de Québec d'avoir un esprit de clocher, ici c'est 10 fois, non, 20 fois pire. Il faut être prêt à ça.


Il faut aussi y penser à deux fois avant de prendre tout ce que le Prof. Lauzon peut nous déblatérer sur le fameux modèle scandinave. Tout ça a un prix et n'est pas forcément transposable dans notre réalité.


Par exemple:




C’est drôle qu’avec un taux de syndicalisation d’environ 80% dans des pays
comme la Suède et le Danemark, contre seulement 34% au Canada et 38% au
Québec, ces pays sont nettement plus performants que le Canada, qui se
classe au seizième rang mondial.


Encore faut-il que les syndicats acceptent le genre de truc que les employés de métro à Copenhague font, c'est-à-dire ne pas s'occuper de changer des billets ou conduire des rames!


J'ai toujours pensé que Québec était un endroit idéal pour la retraite. Peut-être que ce sera Copenhague, finalement? ;-)

mercredi 10 octobre 2007

Une soirée Bluefinger

Wow. Je ne regrette vraiment pas d'être passé par Vancouver pour communier avec BLACK FRANCIS, Dan Schmidt (basse), Jason Carter (batterie) et Violet Clark (choeurs, l'épouse de Mr. FRANCIS, enceinte sérieusement).

Ma journée a débuté tôt, à 5h du mat', pour aller vers YUL. Un vol sans histoire, confortable, dans un Airbus rempli de japonais qui se prenaient mutuellement en photos. Je rigolais par en-dedans. Arrivé à Vancouver avant 11h (locales), je saute dans un taxi vers le downtown. C'est gros, plus gros que je pensais. J'arrive à l'hôtel, un Best Western ma foi bien tenu et je ressors aussitôt pour écumer les lieux de mon pas "urbain blasé".

Il mouillasse et fait un peu froid. Brrrr. Pas agréable. Je déambule sur Granville St. vers le port, je bifurque vers Gastown. Sympa. J'ai faim, je cherche un sushi intéressant. Pas de chance, je me résouds à tâter un bistro trendy, le Flux Bistro et disons que c'était bien, sans plus. Le fait qu'il soit situé sur Water me fait bien sourire, surtout en pensant qu'il va peut-être la faire ce soir. Belle liste de vin locaux, par contre. Les serveuses sont cools et engagent la conversation lorsqu'elles s'aperçoivent que je suis de passage, elles me recommandent un itinéraire de marche. Je réussis presque à les convaincre de venir voir BLACK FRANCIS ;-)

Je repars en promenade, vers Stanley Park. Très bien. Que de richesse en bord de mer. Des condos de rêve. Vancouver est une ville vraiment très riche.

Stanley Park est joli, j'imagine que les sentiers doivent être bondés les dimanche après-midis ensoleillés. J'ai froid et je sens que je devrais faire une pause pour me ménager pour ma soirée, j'ai dû marcher un bon 7-8 km déjà.

Je hèle un taxi et reviens vers Yaletown, un autre quartier trendy (je sais, je sais, que voulez-vous... je n'ai plus vingt ans et j'ai des sous). Je m'accroche les pieds dans un café très agréable et au demeurant excellent. Je relaxe et prends mon temps.

Je repars vers 16h faire du lèche-vitrine. J'ai spotté une microbrasserie urbaine typique des grandes villes nord-américaines, la Yaletown Brewing Company. Le 5 @ 7 y est commencé et je m'installe au bar, commandant leur IPA et des dumplings. Le lieu s'anime, c'est cool.

Un type a tôt fait de me joindre compagnie au bar et nous jasons de choses et d'autres. C'est John, un serveur de bar qui travaille à une autre brasserie du même proprio à Whistler. Conversation agréable, relaxe, à l'image de la côte Ouest, quoi. Il voit soudain mon T-Shirt et me demande qui est le type qui beugle sur la scène. En apprenant qu'il s'agit de BLACK FRANCIS, il s'étonne bruyamment et sort son cell pour appeler son ex-blonde. You've got to come here! There's a guy right here who's going to see BLACK FRANCIS tonight at Richard's! We should go! Elle débarque et s'en suit une conversation intéressante qui va dans tous les sens. Ils ne viendront pas finalement.

Je trouvais plutôt incongru d'être à Vancouver pour plusieurs heures sans manger de sushis. Ceux de la porte d'à côté sont semble-t-il convenables, j'y déménage mon camp après avoir remercié mes compagnons d'apéro pour leur gentillesse.

Je m'installe donc au Bistro Sakana et commande un assortiment. Excellent. Le service est hors-pair avec des asiatiques encore plus prévenantes que la normale. Si elles avaient pu se fendre en quatre pour moi, elles l'auraient fait (mais cela aurait donné un mauvais manga de série B).

Bref, bien repu, rassasié et pansé, je me dirige vers Richard's on Richards pour aller à la rencontre du Hurleur Suprême.

Il y a quelques clients en file, je jase tout de suite avec un gars qui semble sympa, on entre et on se prend une bière à la mezzanine. La place a l'air très bien. Après le band d'ouverture (dont j'oublie le nom!) je descends dans le pit (la fosse) et je continue à jaser à la ronde avec des gars du forum qui reconnaissent mon T-Shirt. En fait je croise ce soir-là Shineoftheever, Wilsmyth et Crispy Water, tous très sympa.

Le compte-rendu du show se trouve sur le forum, bien sûr. Disons que j'en ai eu pour mon argent. Dead Man's Curve est époustoufflante.



N'importe quand, Black. Tu viens à Montréal quand tu veux, je t'invite, vieux.

Mais quelle époque FOR-MI-DA-BLE.

mardi 9 octobre 2007

La pensée du jour Blackfrancisquienne!



Voilà ce qui m'attendait dans ce paquet adressé par The Bureau au Czar de Boucherville, excité comme une puce. N'est-ce pas quioute au max???

BLACK FRANCIS sait comment traiter ses fans.

Non mais quelle époque formidable!